UE-Chine: Embargo sur les ventes d’armes à la Chine

Amnesty International s’adresse à l’Union européenne: “N’abandonnez pas les défenseurs des droits humains en Chine

Amnesty International a demandé à l’Union européenne (UE) de bien réfléchir au message qu’elle adressera aux défenseurs des droits humains en Chine qui sont encore emprisonnés quinze ans après les événements de la place Tienanmen, si elle lève l’embargo sur les ventes d’armes à la Chine.

L’appel d’Amnesty International est renforcé par le message du Président de la Commission européenne, Romano Prodi qui a indiqué hier, lors d’une visite a Pékin, que le Chine devait améliorer la situation des droits de l’homme. Il intervient alors que le ministre chinois des Affaires étrangères va rencontrer la présidence de l’Union européenne à Dublin ce lundi 19 avril 2004 et que dans les semaines qui viennent, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne vont discuter de la levée de l’embargo sur les ventes d’armes à la Chine.

En Chine, la situation des droits humains est encore sombre. Des centaines de milliers de personnes sont détenues en violation de leurs droits humains fondamentaux, la peine de mort est prononcée à l’issue de procès inéquitables, la torture et les mauvais traitements sont généralisés et la liberté d’expression reste très limitée.

Lors d’une conference de presse à Bruxelles ce mercredi 14 avril 2004, Amnesty International a rappelé que des dizaines de personnes sont encore emprisonnées en Chine depuis la répression brutale des manifestations en faveur de réformes politiques en juin 1989. L’organisation a aussi souligné qu’en matiere de protection des droits humains, le Code de conduite de l’Union européenne en matière d’exportation d’armements ne peut être considéré comme une solution de remplacement satisfaisante à l’embargo sur les ventes d’armes à la Chine.

 (Deux document d’information sur les droits humains en Chine depuis juin 1989 et sur le Code de conduite de l’Union européenne sur les ventes d’armes sont accessibles ici, voir liens en fin de page ).

” N’oublions pas que, selon les propres termes de l’UE, l’embargo sur les ventes d’armes à la Chine a été instauré avant tout en réponse aux “actes de répression contre ceux qui revendiquent légitimement leurs droits démocratiques” , a déclaré Dick Oosting, directeur du bureau européen d’Amnesty International, lors de cette rencontre.” 

L’UE discute pour savoir si l’embargo sur les ventes d’armes à la Chine est “dépassé”, mais il ne l’est certainement pas pour les défenseurs de la démocratie qui sont toujours persécutés en Chine, parfois simplement pour avoir posé une question, a ajouté Dick Oosting. Du fait de cette situation, l’UE devrait examiner soigneusement la question avant de les abandonner. “

À titre d’exemple de la manière dont la Chine traite les militants en faveur de la démocratie, il y a seulement deux semaines, trois Mères de Tiananmen, réseau de plus de 130 familles de victimes de la répression de 1989, ont été arbitrairement incarcérées durant quelques jours, alors qu’approche le 15 e  anniversaire des événements de la place Tiananmen.

Les autorités chinoises font la sourde oreille aux demandes d’enquêtes approfondies et impartiales sur ces événements. Encore aujourd’hui, les militants qui demandent ces enquêtes ou émettent des critiques en rapport avec ces événements, même par courrier électronique ou sur des sites web, sont incarcérés. Entre autres éléments retenus contre l’un d’eux, figure un rapport d’Amnesty International qu’il avait cité sur son site web.

Lors de la conference de presse de ce jour, Robert Parker, l’un des animateurs des campagnes d’Amnesty International sur le commerce des armes, a souligné les limites du Code de conduite de l’Union européenne en matière d’exportation d’armement que certains pays de l’UE ont proposé à titre de garde-fou au cas où l’embargo à l’égard de la Chine serait levé.

” Le code de conduite de l’UE fixe les critères qui doivent être respectés en matière de droits humains pour qu’un État membre autorise une exportation d’armements, a encore déclaré Robert Parker. Mais la formulation de ce texte laisse une trop grande latitude d’interprétation aux États membres et il n’est pas assorti des moyens juridiques permettant son application.

” Encore aujourd’hui, il n’est pas respecté par tous les pays de l’UE ni par certains pays qui sont sur le point de la rejoindre, a-t-il conclu. Ce Code étant en cours de réexamen, l’UE doit saisir l’occasion pour renforcer son contrôle sur son application et s’assurer que les armes et le matériel de sécurité en provenance de l’UE ne sont pas utilisés pour violer les droits humains. “

Pour obtenir de plus amples informations ou pour prendre rendez-vous pour une interview, prenez contact avec le Bureau européen d’Amnesty International à Bruxelles;
tél.: +32 2 5021499
fax: +32 2 5025686
courriel: [email protected]